La vie des colons français en Nouvelle France XVIIème-XVIIIème siècle

La colonisation de la Nouvelle-France a été un défi pour les colons français. Exploitation des ressources naturelles, adaptation aux conditions locales, développement de l’agriculture et de l’industrie, coexistence avec les autochtones. Les missionnaires ont tenté de convertir les autochtones au catholicisme, favorisant des alliances durables mais ils ont également appris les us et coutumes des peuples locaux, indiquant un certain syncrétisme et une volonté des hommes de cette époques de créer une société où amérindiens et colons Français vivraient ensemble. Les échanges commerciaux ont renforcé l’économie et les alliances avec certains locaux ont permis de faire face aux Iroquois et aux Anglais. La société fondée en Nouvelle-France s’est structurée autour de la fondation de villes, de l’organisation sociale et de la réglementation. Cette coexistence a façonné la vie des colons français dans ce territoire riche mais sauvage.

 
Jacques Cartier découvre et remonte le fleuve Saint-Laurent, © Leemage / Corbis via Getty Images

Fondé, malgré les difficultés, une société pour vivre en nouvelle France

La colonisation française en Amérique du Nord était motivée par des facteurs économiques, politiques et religieux. La traite des fourrures, notamment celle de castor, était une activité lucrative, et la France cherchait à établir des colonies pour contrôler ce riche commerce. La position stratégique de la vallée du Saint-Laurent favorisait le transport des marchandises. De plus la présence française en Amérique du Nord gênait les ambitions anglaises dans le commerce de la fourrure. Les ressources naturelles abondantes, comme les zones de pêche, ont également attiré les français. Cependant, la colonisation était confrontée à de nombreux défis, notamment les conflits avec les populations autochtones. Cette présence des peuples locaux  a été à la fois un défi et une opportunité, car ils possédaient une connaissance précieuse du territoire et pouvaient être des partenaires dans le commerce et la sécurité. La colonisation française a donc été influencée par des motivations économiques, politiques et religieuses, et la coexistence avec les populations autochtones a façonné la société en Nouvelle-France.

La colonisation de la Nouvelle-France nécessitait la fondation d’une société viable. Samuel de Champlain, explorateur et cartographe, a joué un rôle clé dans cette entreprise. Ses voyages et ses cartes ont permis de découvrir la région et d’analyser les conditions de vie pour les futurs colons. En 1604, il est nommé lieutenant général de l’Acadie et recherche des lieux propices à l’installation de colonies et à la recherche de métaux précieux. En 1615, Champlain explore l’ouest et établit une alliance avec les Hurons pour contrer les Iroquois. Sous son influence, ainsi que de celle de Pierre Dugua de Mons, des villes telles que Port-Royal en 1605 et Québec en 1608 sont fondées. Une fois les villes établies, il était nécessaire d’accueillir les premiers colons.

 
Samuel De Champlain, Musée Canadien

Pierre Dugua De Mons, aux côtés de Champlain, a établi les bases de la Nouvelle-France. La première famille à s’installer était celle de Louis Hebert, apothicaire, et de Marie Rollet. Après des difficultés à Paris, Hebert signe un contrat avec Dugua De Mons et Champlain intervient pour permettre à Hebert de s’installer à Québec après la destruction de Port-Royal par les Britanniques. Les premières installations étaient saisonnières, et la géographie de l’Acadie présentait des avantages et des inconvénients, notamment des hivers rudes et des maladies comme le scorbut. Québec devient le centre administratif, mais reste un simple comptoir. En 1614, Champlain forme une société avec des marchands de Rouen et Saint-Malo, chargés d’établir six familles par an au Canada. La Compagnie des Cent Associés, créée en 1627, vise à coloniser et développer le territoire. Ville Marie (Montréal) est fondée en 1642 pour convertir les Amérindiens, soigner les malades et éduquer les colons. . Face aux attaques récurrentes des recrues furent envoyées pour faire face aux Iroquois. Certains colons étaient recrutés par des compagnies, travaillaient gratuitement pour rembourser leur voyage et menaient une vie rude.Le peuplement était donc difficile et allait plus lentement que celui des Anglais qui eux envoyaient une multitude de personnes en Nouvelle-Angleterre. L’organisation de la société était essentielle pour vivre dans un cadre établi.

Monument de Louis Hébert, Wikimédia

La Compagnie des Cent Associés devait coloniser l’Amérique du Nord en établissant 4000 colons sur quinze ans. Et le cadre choisi pour accueillir les colons fut le système des seigneurie, se basant sur un système féodal, en effet es seigneuries étaient distribuées à des particuliers chargés de développer des fermes, des villages et d’attirer des colons. Cependant, la plupart des seigneurs ne résidaient pas en Nouvelle-France, entravant le peuplement, et les colons arrivaient sur des terres vierges, la vie était donc rude car ces derniers devaient tout construire par eux mêmes,  en partant de zéro dans un contexte de conflit permanent avec les anglais. Les terres agricoles étaient organisées perpendiculairement aux fleuves selon le système du rang, les colons vivaient donc prêt du réseaux fluvial facilitant la communication, toute fois en hiver les fleuves l’eau gelait rendant impossible la navigation. Les colons devaient défricher eux-mêmes leurs terres et les maisons étaient rudimentaires. La Compagnie a rencontré des difficultés, notamment lorsqu’une flotte anglaise s’est emparée de vaisseaux et de colons en 1628. En 1663, la couronne a pris le contrôle direct de la Nouvelle-France, divisée en cinq gouvernements. Le système administratif s’inspirait de celui de la France, avec des gouverneurs, des conseils souverains et des tribunaux royaux.

Vivre en frère et sœur avec les autochtones, dans un territoire contesté, pour le commerce et les alliances

Un élan missionnaire catholique s’est développé en Nouvelle-France dès le règne d’Henry IV. Les Jésuites, envoyés par Marie de Médicis entre 1611 et 1613, cherchaient à christianiser les autochtones. Les missionnaires catholiques étaient actifs et cherchaient des alliances avec les Amérindiens, favorisant ainsi les échanges commerciaux. De plus Les Jésuites pratiquaient un syncrétisme en incluant des coutumes locales. La société de Notre-Dame de Montréal a fondé la ville de Montréal pour instruire les colons français et évangéliser les Indiens ce qui montre très clairement que l’église jouait un rôle central en établissant des paroisses et en assurant l’éducation et les soins de santé. Les congrégations religieuses ont ouvert des écoles et des Hôtels-Dieu. De ce fait le syncrétisme a créé des alliances militaires et commerciales solides avec les peuples autochtones.

Carte Jacques Cartier "Les explorateur célèbres" , L'histoire par l'image

Le développement d’un commerce prospère en Nouvelle-France reposait sur des relations commerciales avec les autochtones, notamment dans le commerce de la fourrure de castor. Les coureurs des bois, des commerçants qui s’adonnaient à la traite de la fourrure, cherchaient le profit personnel, établissaient des liens économiques avec les Amérindiens. Critiqués pour leur mode de vie non réglementé, ils étaient considérés comme des brigands. Les autorités françaises ne pouvaient pas les contrôler efficacement, tandis que les autorités anglaises accordaient plus de liberté individuelle. Ce qui a amené à utiliser le terme “voyageur”, afin de désigner les individus qui étaient engagés par des marchands de fourrures, donc une activité plus réglementés. Le syncrétisme était présent parmi eux, les coureurs des bois croyant en la force des autochtones. Le commerce de la fourrure et des denrées alimentaires, reliant les campagnes et les villes, contribuait à développer la colonie. La possession de la vallée du Saint-Laurent était stratégique en raison des voies de communication fluviales. 

Mont-Royal, "Les pelletiers à Montréal"

La fondation de Montréal a été marquée par les assauts des Iroquois, mais la ville a été protégée grâce à l’aide des Autochtones alliés des Français. Différentes tribus comme les Hurons ont joué un rôle important. Les Français ont adopté une approche conciliante envers les Autochtones, les considérant comme des partenaires commerciaux et bénéficiant de leurs conseils. Les conflits franco-anglais se sont intensifiés, mais les Autochtones ont activement participé et soutenu les Français. Le traité de la Grande Paix de Montréal en 1701 a mis fin aux conflits du XVIIe siècle entre les Iroquois, les Français et leurs alliés. La politique d’alliance et de respect envers les Autochtones a permis des relations solides et une coexistence pacifique en Nouvelle-France, afin « d’assembler sur l’île un peuple composé de Français et d’Indiens qui cultiveraient la terre et les arts mécaniques, qui vivraient en frères et sœurs, unis dans la charité fraternelle » comme le disait Jean-Jacques Olier de Verneuil qui a participé à la fondation de Montréal, la politique et la mentalité française vis à vis des amérindiens a donc été bien différente des anglais.

La vie en Nouvelle-France et la société fondée sur ce territoire ont donc été marquées par la
coexistence avec les populations autochtones, permettant ainsi de façonner la vie des colons français.
Un cadre bien défini a régi l’existence des Français arrivés en Nouvelle-France, devant s’installer dans
des seigneuries où tout était encore à construire dans un environnement sauvage possédant des
ressources naturelles abondantes. Les colons français ont dû s’adapter aux conditions difficiles de leur
nouvel environnement et ont dû travailler avec les populations autochtones pour survivre en
s’apportant mutuellement des échanges culturels et religieux, comme dans le cadre des missions,
permettant de créer des alliances militaires et commerciales solides.

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